• Le Pardon

     

     

     

    Le Pardon

     

     

    Je me meurs, je succombe au destin qui m'accable.
    De ce dernier moment veux-tu charmer l'horreur ?
    Viens encore une fois presser ta main coupable
    Sur mon coeur.



    Quand il aura cessé de brûler et d'attendre,
    Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
    Mais tu diras : " Ce coeur, qui pour moi fut si tendre,
    N'aime plus. "



    Vois l'amour qui s'enfuit de mon âme blessée,
    Contemple ton ouvrage et ne sens nul effroi :
    La mort est dans mon sein, pourtant je suis glacée
    Moins que toi.



    Prends ce coeur, prends ton bien ! L'amante qui t'adore
    N'eut jamais à t'offrir, hélas ! Un autre don ;
    Mais en le déchirant, tu peux y lire encore
    Ton pardon.

     

     

     

    Marceline DESBORDES-VALMORE   (1786-1859)

     

     

      

    (source http://poesie.webnet.fr)

     

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