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    La tristesse

     

     

    L'âme triste est pareille 
    Au doux ciel de la nuit, 
    Quand l'astre qui sommeille
    De la voûte vermeille
    A fait tomber le bruit ;

    Plus pure et plus sonore, 
    On y voit sur ses pas 
    Mille étoiles éclore,
    Qu'à l'éclatante aurore 
    On n'y soupçonnait pas !

    Des îles de lumière 
    Plus brillante qu'ici, 
    Et des mondes derrière, 
    Et des flots de poussière 
    Qui sont mondes aussi !

    On entend dans l'espace 
    Les choeurs mystérieux
    Ou du ciel qui rend grâce, 
    Ou de l'ange qui passe,
    Ou de l'homme pieux !

    Et pures étincelles 
    De nos âmes de feu, 
    Les prières mortelles
    Sur leurs brûlantes ailes
    Nous soulèvent un peu !

    Tristesse qui m'inonde,
    Coule donc de mes yeux, 
    Coule comme cette onde 
    Où la terre féconde 
    Voit un présent des cieux !

    Et n'accuse point l'heure
    Qui te ramène à Dieu ! 
    Soit qu'il naisse ou qu'il meure,
    Il faut que l'homme pleure
    Ou l'exil, ou l'adieu

     

     

     

    Alphonse de LAMARTINE   (1790-1869)

     

     

     

    (source http://poesie.webnet.fr)

     

     


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